Je pourrais commencer par : « Chaque année, je jure que je m’y prendrai plus tôt », mais avouons‑le, c’est faux. Ce qui change vraiment, c’est ma méthode de survie – peaufinée à coups de ratés mémorables : le cartable acheté la veille sur le trottoir du marché, le jogging de sport trop serré qui transforme le cours d’EPS en défilé moulant… Bref, quatre enfants et quinze rentrées plus tard, voici comment je prépare septembre sans crise de larmes ni découvert bancaire, raconté en version longue, café chaud à la main.
Étape n° 1 : la fouille archéologique
Dès la mi‑août, je décrète l’opération “Cartables perdus de vue”. On vide tout sur la table du salon comme si l’appartement était un chantier de fouilles romaines : feuilles volantes, cailloux de la cour (trésors absolus), stylos mâchouillés. Pendant que les jumeaux trient les feutres qui marchent encore (compétition féroce : 1 point par feutre ressuscité), je tiens un carnet : « Ça, on a ; ça, on jette ; ça, on recycle ». Résultat : je découvre qu’il reste assez de cahiers à grands carreaux pour tenir jusqu’à la Toussaint… et je gratte déjà une vingtaine d’euros. Le secret n’est pas la discipline, c’est le jeu ; ils adorent jouer aux marchands de fournitures d’occasion, et moi, je prends des notes.
Étape n° 2 : la virée achats – mais courte
Je refuse l’idée du marathon “trois magasins en une après‑midi”. J’applique ma règle des 45 minutes chrono : un créneau, un lieu, une liste ferme. Oui, on passera peut‑être à côté de la trousse licorne fluo en promotion, mais on épargnera surtout nos nerfs (et notre portefeuille). Je choisis la grande surface près de la maison le mercredi matin : rayon encore rangé, enfants vaguement réveillés mais pas excités comme le samedi. Je leur donne un rôle clair : l’aîné compare les prix des lots de stylos, la cadette cherche le meilleur rapport solidité / fantaisie pour les cahiers, les petits cochent la liste. On ressort en 40 minutes affichées sur la montre ; si on dépasse, je paie un goûter extra (curieusement, on est toujours dans les temps). Astuce : garder le ticket et photographier les prix pour l’an prochain ; j’ai réalisé qu’un même crayon pouvait doubler de prix d’une année à l’autre.

Étape n° 3 : le “test‑drive” du matin
À une semaine de la rentrée des classes, j’annonce le “Faux lundi” – répétition générale. Réveil 7 h 00, tartines, brossage de dents, chaussures, sortie d’immeuble. Sauf qu’au lieu d’aller à l’école, on descend juste acheter le pain. Les enfants râlent (à peine) mais découvrent que mettre ses chaussettes avant de chercher son livre de Pokémon, ça gagne cinq minutes. Moi, je chronomètre, j’ajuste : tel enfant a besoin d’un porte‑savon antidérapant pour ne pas inonder la salle de bain ; tel autre doit préparer sa tenue la veille sinon il reste collé devant son armoire. Bilan : le vrai jour J, tout roule – ou presque ; il manque un compas, mais c’est gérable.
Étape n° 4 : la préparation émotionnelle (et logistique)
La veille au soir, on fait un pacte familial : chacun choisit un objectif simple pour la première semaine. Le CE2 veut apprendre le nom de tous ses camarades, la collégienne vise zéro oubli de cahier, l’aîné promet de garder sa clé USB dans une poche fermée (on y croit). Moi, je note “respirer avant de parler” en cas de crise matinale. Ces mini‑défis mettent tout le monde dans le bon état d’esprit : la rentrée n’est plus un couperet, mais un jeu coopératif. Côté pratique, j’ai déjà préparé : gourdes remplies, étiquettes collées, goûters portionnés. Et je planque un rouleau de scotch et deux feutres de secours dans mon sac ; l’expérience prouve qu’on finit toujours par sauver un voisin dépourvu, et ça crée de jolies alliances parentales.
Étape n° 5 : dédramatiser le lendemain
Le premier soir, pas de devoirs (souvent il n’y en a pas) ; je sors le dessert “rentrée” – cookies maison, trop de pépites. On fait un tour de table : “Qu’est‑ce qui t’a plu ? Qu’est‑ce qui te fait peur ?” Cinq minutes suffisent. Mon rôle n’est pas d’avoir la solution miracle, juste d’écouter et de rappeler : “On a le droit de ne pas tout aimer, mais on saura gérer.” Un peu de lumière douce, pas d’écran, coucher dix minutes plus tôt : la boucle est bouclée.
Ce qu’il faut retenir
En vérité, préparer la rentrée n’est pas une affaire de listes parfaites, mais de petits rituels qui nous ressemblent : transformer le tri en chasse au trésor, limiter les achats au strict nécessaire et chronométrer les matins pour mieux rigoler des détours. Chaque famille trouvera ses nuances, mais la constante, c’est l’anticipation joyeuse. Parce qu’avec quatre enfants, j’ai appris la vraie leçon : mieux vaut attaquer septembre en équipe soudée – même chaussée de baskets trop grandes – qu’en solo sur les rotules. Alors respirez, planifiez votre “Faux lundi”, et souvenez‑vous : il reste toujours assez de chocolat dans le placard pour célébrer la fin de la première journée !